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La question du lavage de cerveau et les groupes religieux minoritaires de confessants. Autour de l’ouvrage de Dick Anthony et Massimo Introvigne, Le lavage de cerveau Mythe ou réalité (2006)

medium_lavage_de_cerveau.jpgAu cœur du débat sur les sectes il y a la réfutation du caractère volontaire des conversions religieuses, au profit de la notion de lavage de cerveau. Sans le dire c’est à partir de cette dernière que s’établissent toutes les autres notions présentes dans le débat comme : la manipulation, la dangerosité, etc. L’ouvrage de Dirck Anthony et Massimo Introvigne le lavage de cerveau : mythe ou réalité, permet de faire le point sur la question (L’Harmattan, 2006). Je vous propose une réflexion issue de l’ouvrage et qui met en évidence 1/ l’émergence récente de la notion de lavage de cerveau, 2/son application polémique aux groupes religieux minoritaires comme le présente les auteurs, pour ensuite, 3/, voir comment cette notion réinterroge le rapport à l’adhésion (conversion et lavage de cerveau) et plus généralement aux groupes religieux minoritaires se voulant constitués de confessants.

La note elle est téléchargeable en pdf

1. L'imposition de la notion de lavage de cerveau

L’ouvrage est le produit de deux chercheurs dont la reconnaissance internationale pour la qualité et l’influence de leurs travaux sont incontestables aujourd’hui. Introvigne, sociologue italien est fondateur du Centre d’Etudes sur les Nouvelles Religions (CESNUR) a travaillé sur nombres de groupes religieux minoritaires, y compris ceux considérés comme faisant parti de la mouvance ésotérique. Dick Anthony a publié de nombreux travaux sur « la nature et les raisons de la conversion à des mouvements politiques, religieux ou thérapeutiques non traditionnels qui sont devenus populaires dans les années 60, et sur les effets psychologiques et sociaux de cette conversion. L’un des objectifs essentiels de cette recherche consistait à déterminer pourquoi des gens rejoignaient de tels mouvements et d’établir s’ils étaient nocifs, ou bien bénins, ou même avaient des effets bénéfiques sur plusieurs plans : psychologique, spirituel, social ou médical. Il entama ses travaux alors qu’il était chercheur associé au département de programmes psychiatriques de l’école de médecine de l’université de Caroline du Nord et plus tard comme directeur du Centre d’étude des nouvelles religions à Berkeley (Californie) ». Il reçu des honneurs remarqués y compris des groupes anti-sectes les plus véhéments aux Etats-Unis. Les travaux d’Anthony ont démontré qu’analyser les conversions à des groupes religieux minoritaires tels que le propose les mouvements anti-sectes n’est pas scientifique. De plus cette vision ne permet pas, comme le prétendent ses tenants, de distinguer des groupes nocifs, bénins ou bénéfiques.
Cela n’empêcha pas ces organisations dans les années 70 de déclencher une série de procès contre les groupes qu’ils considéraient comme dangereux, sur la base de la théorie du lavage de cerveau. Bien leur pris puisqu’ils gagnèrent quasi systématiquement leur procès (des centaines) ce qui entraina la mise en faillite de groupes devant payer, en cumulé près de 30 millions de dollars.
Dans une étude Anthony explique ces jugements par le fait qu’ils étaient rendus par des jurys populaires en phase avec l’idée de lavage de cerveau. Aujourd’hui, les tribunaux se réfèrent aux travaux d’Anthony qui ont réussit à s’imposer dans le monde scientifique. L’auteur présente régulièrement ces recherches lors de divers procès et a permis aux cours américaines de désormais rejeter quasi systématiquement les procès se basant sur la thèse du lavage de cerveau. Pas étonnant qu’en introduction les auteurs indiquent que la position qu’ils défendent, issu des travaux d’Anthony, qui met en évidence « la contradiction entre la notion de lavage de cerveau et ses prétentions scientifiques infondées, est généralement acceptée par la communauté scientifique et les organisations concernées aux Etats-Unis ».
Dans les 7 chapitres de l’ouvrage les auteurs nous invitent à comprendre l’émergence de la théorie du lavage de cerveau en général et surtout son application aux groupes religieux minoritaires, pour expliquer les conversions d’individus à ces derniers.
L’ouvrage sensibilise notamment dans le premier chapitre « Libre arbitre, droit et religion » sur la présence historique de la notion de "lavage de cerveau" dans les sciences humaines. Les auteurs rappellent entre autre que la psychologie moderne de la religion a une approche soupçonneuse de la conversion. Pour des tenants de cette science « certaines religions sont si aberrantes qu’elles ne peuvent pas être librement adoptées par des personnes en pleine possession de leurs facultés mentales ». La réussite des auteurs est de nous montrer l’enracinement historique d’une telle croyance, y compris dans la pensée scientifique et philosophique. Le lavage de cerveau devient une caution politique à des approches magico-religieuses. Ainsi au XIXème siècle alors que nombres de groupes religieux convainquaient une multitude d’américains à se convertir, d’un autre côté l’esprit scientifique, notamment la psychanalyse, connaissait une phase positiviste en prétendant être une nouvelle source d’explication scientifique, totale, des comportements humains. Très rapidement la psychanalyse va mettra à mal les explications magico-religieuses au travers entre autre du brainwashing, conçue comme un prolongement d’une autre découverte : l’inconscient. Bref, il était désormais possible d’expliquer à partir de la psychanalyse comment des individus, de manière inconsciente, pouvaient adhérer à des groupes religieux qui apparaissaient comme liberticide à leurs détracteurs. Cependant l’analyse psychanalytique ne va être qu’un prolongement de la vision magico-religieuse selon laquelle l’individu peut être à son insu, manipulé. Les mythes autour des potentialités de l’hypnose vont ainsi succéder à ceux du « mauvais œil ». Dans l’histoire de la littérature américaine, l’ouvrage de Maria Ward (probable pseudonyme selon les auteurs d’Elizabeth Cornelia Woodcock Ferris, 1809-1853), Female Life Among the Mormons (1855) est caractéristique du glissement qui s’opérera entre pensée populaire et scientisme. Ainsi une protagoniste de l’ouvrage explicite sa relation avec Joseph Smith, personnage charismatique chez les mormons en disant qu’il « exerçait sur moi une influence mystique et magique : une sorte de sortilège qui me privait du plein exercice du libre arbitre ». L’explication psychanalytique ne sera qu’une reformulation scientifique de cette certitude. Plus largement cette forme d’explication sera appelé mesmérisme.
Outre la recherche d’explications à l’adhésion d’un groupe religieux représenté comme un espace de contraintes, un autre besoin d’explications va renforcer le mesmérisme. Un évènement semble pour nos auteurs marquer la forte diffusion et l’acceptation y compris chez les scientifiques de la notion de lavage de cerveau : la guerre froide. En effet aux Etats-Unis, on restait sans réponse face à l’adhésion de prisonniers américains dans des pays de l’Est, au communisme. Plus largement le lavage de cerveau servira à expliquer l’adhésion de peuples entiers au communisme. Le brainwashing apparaît de nouveau comme une perspective explicative satisfaisante. Il permettait de se saisir le changement idéologique d’un individu sans se poser la question du surplus de sens que lui confère celle-ci, ici le communisme. Deuxièmement, il dédouanait de toute interrogation sur la croyance désormais dédaignée. Mais là où nos auteurs vont plus loin que ces évidences, c’est dans une analyse des adhésions de soldats au communisme. En effet ils constatent que celles-ci sont marginales. La notion de lavage de cerveau et toutes les études qui la popularisa en pleine guerre froide ne sont que des tentatives réussites de la C.I.A pour incriminer le bloc de l’Est. Les données, les conclusions, des chercheurs qui défendaient le brainwasing étaient fausses et ne répondaient qu’au souci de manipuler les masses pour expliquer quelque chose qui en plus n’existait pas mais avait été fanstasmé : la conversion de soldats au communisme. En places et lieux d’une conversion il s’agissait d’une simple stratégie temporaire, ou au mieux d’une acceptation passagère des soldats, en contexte de survie. Quoi qu’il en soit ces travaux connurent de véritables succès. Ils furent par la suite étendus aux groupes religieux pour expliquer les conversions.

 

2. L'Application aux groupes religieux
La question de l’adhésion aux groupe religieux minoritaires, dans le contexte social et politique de guerre froide, implique de définir la secte et son caractère dangereux, manipulateur. En fait il ne s’agissait pas de sectes, mais de cults au sens sociologique. Nombres de travaux s’engouffreront dans cette demande sociale et politique renforçant le mesmérisme.
Un chercheur, Lifton Robert Jay (1926) largement cité dans les « controverses en matière de "sectes" et "de lavage de cerveau" se pencha sur la question. Malheureusement, ceux qui le citent ne se sont pas toujours donnés la peine de lire pour de bon ses ouvrages, qui sortent de la tradition psychanalytique en laquelle ils s’enracinent » (p. 52). Dans Thought Reform and the Psychology of Totalism. A study of “Brainwashing” in China” (1961) Lifton revient sur le caractère stratégique de l’adhésion au communisme de soldats occidentaux prisonniers en situation de privation alimentaire, de sommeil et qui subissaient d’autres formes de tortures. Par la suite Lifton montre que la prégnance de la question du lavage de cerveau dans le débat sur les sectes est basée sur trois éléments.
1.       une raison philosophique
2.       une prédisposition psychologique
3.       des techniques de manipulation totalitaire 

Ces derniers devraient faire système pour qu’il y ait manipulation. Ainsi généralisant ces observations Lifton indique que « derrière le totalisme idéologique, nous trouvons l’éternelle quête humaine d’un guide tout puissant, qu’il s’agisse d’un parti politique, d’une force surnaturelle, d’idées politiques, d’un grand leader, ou d’une science précise ». Lifton a la certitude qu’il est impossible d’avoir une explication universelle. Il fait le choix d’expliquer les adhésions à un groupe en s’appuyant sur « les facteurs de l’histoire personnelle de chacun » notamment à partir des influences survenant dans le processus de socialisation. De fait il mettra en évidence une analyse autour de "l’influence du milieu". Ainsi il développera huit items : 
1.       le premier est le contrôle du milieu.
2.       la manipulation mystique qui est en fait l’impact émotionnel qui se base sur une relation de confiance et de méfiance
3.       la demande de pureté qui permet une construction dichotomique entre éléments pures et impurs, qui concerne également l’individu. L’une des conséquences est la construction de la culpabilité.
4.       le culte de la confession, qui répond au point précédent
5.       la science sacrée, qui est la présentation de l’idéologie comme sacrée
6.       le chargement de langage, par des connotations morales. C’est le moment du bon et du pas bon.
7.       la prédominance de la doctrine sur la personne, « qui fait que chacun est défini non par son humanité mais par sa référence à un cliché idéologique.
8.       la dévaluation de l’existence issue d’une idéologie plaçant dans une expérience supérieure à l’existence actuelle les liens à l’existence.

Idéalement la présence de ces critères fera que pour Lifton on pourra parler de totalisme. Cependant Lifton indique comme le résume Anthony et Introvigne qu’« il est plutôt rare que ces conditions soient reproduites par un mouvement religieux, qui aura plutôt tendance à construire des "ilots de totalisme" dans des sociétés totalistes » (p. 57)
Cette remarque de Lifton est vraisemblablement passée inaperçue puisque ces travaux ont été repris par les anti-sectes, qui firent passer sous silence également le fait que pour Lifton les huits points ne peuvent être considérés sur le même plan. Pour Lifton seul quelques mouvements peuvent être réellement considérés comme totaliste. Ainsi l’auteur ciblait par exemple le cult Aum Shinri-kyo, responsable de l’attenta au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Son étude sur ce groupe l’emmènera à compléter les huit items pour décrire avec précision, loin des polémiques (aux conséquences juridiques hasardeuses), les world-destroying cults. Ce sont des groupes qui se caractérisent par : 
1.       « un gourouïsme totalisé » selon lequel « il n’y aurait pas de Dieu au-delà du gourou.
2.       « une vision apocalyptique du monde dans la perspective d’un renouvellement »
3.       « l’élan illimité vers une purification qui rejette le monde »
4.       « la passion pour les armes extrêmes » comme le nucléaire
5.       « un état collectif d’agressivité »
6.       « une extrême sophistication des moyens »

Le travail de Lifton le conduit à s’éloigner de l’utilisation du terme de "secte" comme le démontre son effort de catégorisation. Ce dernier n’éloigne pas du questionnement sur le lavage de cerveau, mais permet de constater qu’il ne s’applique pas aux groupes religieux minoritaires, comme cela a été fantasmé dans des pseudos travaux scientifiques, mais concerne que quelques cults.

A côté des travaux de Lifton, Anthony et Introvigne présentent un autre chercheur, Schein, qui critique les théories de la C.I.A sur le lavage de cerveau. Ce travail me paraît être d’un apport conceptuel plus fondamental pour la sociologie. Edgard Shein psychologue militaire, est mandaté en 1953 pour « examiner les prisonniers de guerre restitués par la Chine et la Corée du Nord aux Etats-Unis et réputés avoir été soumis au lavage de cerveau » (64). Il conclut ne pas être en présence de cas de lavage de cerveau, mais à des techniques de persuasion. Son étude assoit le rejet de l’idée de lavage de cerveau en s’appuyant sur la différence entre « conformité » et « conversion ». La conversion dans les travaux de Schein est le lien entre techniques de persuasion et contenu (65). Cette différenciation sera étayée par Shein lors de l’analyse de prisonniers chinois en introduisant la notion de « persuasion coercitive » qui lui permet en fait de ne pas s’enfermer dans celle de « lavage de cerveau » face à laquelle il demeure très critique. Il met en évidence dans le parcours biographique des militaires des évènements, notamment dans l’enfance, qui les rendent plus sensibles aux tentatives de persuasions.

 

3. Quelques porlongements qui réinterrogent le rapport analytique à la conversion religieuse.
Cette distinction de Shein est très discutée aujourd’hui. Dans notre réflexion sur les groupes religieux elle semble d’un apport important que nous avons déjà mentionné (Fabrice Desplan, 2005b). Parler de lavage de cerveau, mais aussi de conversion religieuse, implique idéalement de supposer que les individus adhèrent à un discours, impliquant souvent le rejet de croyances qu’ils partageaient (intimement). D’où une réorientation de leur vie que l’on constate. Mais cette vision est problématique pour le sociologue. Comment, à partir des déclarations des individus savoir si l’on est véritablement dans une situation de conversion ? Un constat, le sociologue ne peut (et d’ailleurs ne doit pas) prétendre constater être en contact avec une conversion parce qu’il ne peut pas réaliser la coïncidence que notait Shein entre techniques de persuasion et le contenu idéologique que servent lesdites techniques. Cela permet de mon avis de réintroduire dans la sociologie, des travaux de sciences cognitives alertant le chercheur sur les limites de son investigation. Engel Pascal fait déjà la distinction entre « croyances » et « acceptations ». Engel note que « Ce n’est pas la même chose que d’avoir une croyance, c’est-à-dire être disposer à juger (à un certain degré) qu’un certain contenu propositionnel est, vrai, et d’accepter ce contenu. Croire une certaine proposition, c’est être disposé à la juger vraie. Mais ce n’est pas la même chose que s’engager à la tenir comme vraie dans d’autres circonstances, à la prendre comme prémisse pour des raisonnements ou des actions. Adopter une proposition, la présupposer, la postuler ou la tenir pour acquise dans tel ou tel contexte, c’est-à-dire avoir vis-à-vis d’elle ce que j’appellerai une attitude d’acceptation, ce n’est pas simplement entretenir à un moment donné, même plus ou moins long, la pensée qu’elle est vraie » il rajoute « En ce sens l’acceptation est une attitude très différente de la croyance. Elle suppose presque trait pour trait aux caractéristiques de la croyance. 
1.       Tout d’abord, alors qu’une croyance est en général non volontaire, on accepte une certaine proposition dans un certain but, épistémique ou pratique, par l’effet d’une décision ou d’un acte volontaire (…) Mais ce n’est pas vrai en général. Par exemple un avocat peut accepter l’innocence d’un client, alors même qu’il croit qu’il est coupable…
2.       Cela entraîne que les acceptations, à la différence des croyances, ne sont pas nécessairement orientées vers la vérité, mais vers un but. Pratique ou épistémique ultérieur.
3.       Elles ne sont pas nécessairement adoptées pour des raisons proportionnées à l’évidence ou aux données(…)
4.       Alors que les croyances usuelles ne sont pas contextuelles, on accepte x relativement à un certain contexte, pas relativement à un autre(…)
5.       Alors que les croyances sont susceptibles de degrés, les acceptations sont généralement pleines et entières ».  
En acceptant (désolé du jeu de mots) cette distinction d’Engel et en l’appliquant à la conversion religieuse et au lavage de cerveau, on ne peut que noter l’impuissance du chercheur à établir la véracité, le caractère élémentaire (au sens structural de Strauss) de la conversion ou du lavage de cerveau. Ces deux éléments sont opposés dans leur définition. La conversion demeure une démarche volontaire, alors que le brainwashing serait réalisé dans une contrainte. Mais quoi qu’il en soit, les deux marquent une limite conceptuelle que l’on doit admettre. Cependant, la conversion reste plus mystérieuse quand on désire l’approcher de manière ontologique, dans son essence première. En effet, alors que les recherches montrent la quasi inexistence du véritable lavage de cerveau, la conversion religieuse, reste une réalité. La conversion reste accessible au chercheur uniquement par les représentations, les constructions des convertis. Elle ne sera jamais une réalité première à laquelle le chercheur aura accès. Elle ne sera qu’approcher. Le sociologue l’a perçoit par exemple dans les changements sociaux qu’elle est supposée engendrer.
Cette constatation faite, une question reste posée : comment considérer la religion si on admet devoir se contenter des représentations des individus ? Plusieurs réponses sont possibles. Mais l’une d’entre elle est de considérer celles-ci comme un espace de maximisation comme le propose Yves Lambert dans un article Les religions comme système de maximisation. Entendons par là, que le religieux et donc la conversion en amont quand il s’agit de groupes constitués de convertis, permet aux individus de maximiser une certaine satisfaction, rationnellement construite. Cette satisfaction est évidemment différente en fonction des individus. Elle peut être uniquement symbolique, relationnelle, ou autre. En général elle est une combinaison, une construction de chaque individu. Je ne développerai pas ce point mais dans le prolongement de l’ouvrage d’Anthony et d’Introvigne, c’est la question du rapport décomplexé de préjugés scientifique au religieux qui se pose non seulement au sociologue, mais à l’ensemble des chercheurs en sciences sociales et plus largement à tout acteur social. 
Les auteurs notent que le manque d’information et de compétence sur la question du lavage de cerveau et surtout la permanence de préjugés scientifiques sont à la base d’une résurgence du brainwashing au travers de nombreux paradigmes scientifique, dont l’hypnose (en concédant que l’on puisse l’approcher comme un paradigme). Associé au fait dramtique de l’actualité, le brainwashnig sous toutes ses formes aujourd’hui est réactivé par les associations de lutte contre les sectes, les commissions parlementaires, ou encore le développement d’un droit anti-secte dans certains pays d’Europe dont la France en premier plan. Les deux derniers chapitres du livre posent la question de la relation avec les groupes religieux minoritaires et le possible dialogue avec ces dernières. Car pour les auteurs au-delà des maladresses, des ignorances, des approximations, « ceux qui parlent de "lavage de cerveau" par référence aux "sectes" n’en expriment pas moins, d’une manière imprécise et inacceptable, des préoccupations parfois légitimes. Le fait de déclarer inacceptable les théories anti-sectes du lavage de cerveau, ne doit pas conduire à ignorer ces préoccupations » (185). En ce sens le dialogue est possible sur une base transcendant les craintes, même illégitimes.

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